Coronavirus : que nous restera -t-il pour tenir bon, à nous, soignants ?

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A l’heure où notre pays se mobilise dans une guerre contre un ennemi invisible, le coronavirus, une question se pose : que nous restera -t-il pour tenir, avancer lorsque nos capacités de soins seront dépassées ?

Évidemment, la spéculation est de rigueur car nous le faisons tous, regardant tantôt ce qu’il se passe à l’étranger puis devant nos supermarchés.

Dans quelques jours, les capacités techniques et humaines de notre système de santé seront mises à rude épreuve… Pour certains dans d’autres régions que la mienne, cela a même déjà commencé.

Cela va vous sembler être du bon sens mais il faut parfois rappeler les choses élémentaires : un élément de réponse s’articule autour du facteur humain.

Coronavirus : les soignants auront besoin de notion en facteur humain
Site du GIFH : groupe d’intérêt pour les facteurs humains en santé

Quand nos équipes n’auront plus de respirateurs, quand nos lits seront saturés, nos équipes éprouvées à choisir qui soigner et qui laisser partir, nous en reviendront à des choses bien plus simples, à nos compétences non techniques.

Les compétences non techniques : une arme redoutable pour les soignants.

Alors voici quelques principes simples de communication entre soignants, vous en ferez ce que vous voulez :

Les compétences non techniques : une arme de plus contre le coronavirus.

  • Premièrement, évitez de tunneliser. Ne focalisez pas sur la situation en cours, ne soyez pas tétaniser par celle-ci. Prenez du recul ou demandez à un collègue de vous aider à en prendre. Verbalisez ! Sinon vous serez figé dans la peur et vous perdrez en efficacité, vous perdrez de vue votre objectif : soigner avec les moyens que vous avez à votre disposition.
  • Soyez précis dans votre communication. Cela vous fera économiser énormément d’énergie en évitant des va et vient inutiles, en évitant de répéter les mêmes choses. Pour éviter de créer des tensions : utilisez des mots précis, nommez les personnes à qui vous parlez à haute voix, captez les regards, le non-verbal de l’autre.
  • Demandez des retours sur ce que vous demandez (feedback).
  • Ensuite, organisez des briefings/debriefing. Format très court de 10 minutes en début et fin de poste pour vous fixer des objectifs communs, vous débarrassez de vos pensées négatives et vos questions.
  • Utilisez les bonnes zones et les bons canaux de communication. Pas de cri à travers lLes compétences non techniques : une arme de plus contre le coronavirus.e couloir pour demander du matériel. Prenez le temps d’émettre vos demandes dans une zone adaptée (sociale ou personelle 60cm-1m20). Listez sur un tableau ce dont vous avez besoin (utilisation du canal écrit lorsque trop d’informations complexes se croisent). Affectez une personne pour aller chercher le matériel.
  • Faites vous confiance et faites confiance à votre équipe.
  • Utilisez la force du leader. En retrait, il pourra répartir les tâches efficacement avec un regard plus global.
  • N’utilisez pas un codage trop technique dans des équipes pluridisciplinaires. Gardez pour vous les abréviations, communiquez simplement. Essayez d’être compris du plus grand nombre : une équipe avec un objectif compris de tous est bien plus efficace…
  • Enfin, évitez les bruits. (cf article du lien)

Bon courage à tous

Voici mes quelques pistes pour le moment. Bien sûr pour certains, ils sembleront dérisoires face au coronavirus… Si vous avez des initiatives intéressantes sur le sujet, que vous avez déjà mises en place ou non, pourriez vous me les faire parvenir ?

Courage à tous.
Préparez vous du mieux que vous pouvez.
Benjamin Terrasi
Anesthésiste-Reanimateur, CHU Amiens